Arnaud Raymond GOUGES-CARTOU (1738 Moissac – 1797 Baltimore).
Arnaud Raymond Gouges dit « Cartou » est issu d’une famille de la bourgeoisie commerçante moissagaise ; il appartenait à la « tribu » des GOUGES de Moissac. Au 18e siècle les « Gouges » étaient devenus tellement nombreux qu’ils formèrent plusieurs branches avec des patronymes différents qu’ils ajoutèrent à leurs premier nom pour pouvoir se différencier. On put ainsi rencontrer, outre Gouges-Cartou, les GOUGES-DESPAUX, les GOUGES-PRADALY, les GOUGES-BOUTAIL, les GOUGES-LASSABATHIE, les GOUGES-CHANTOT.*
Arnaud Raymond Gouges-Cartou appartient à celle des GOUGES-VIGNES. Ses frères et sœurs contractèrent mariages avec d’illustres vieilles familles moissagaises telles que : les Vignes, les Cabanès, les de Filhol, etc.
Il était né à Moissac le 22 janvier 1738 et mourut à Baltimore (U S A)** le 4 novembre 1797. Il était le fils de Jacques Gouges (1701-1767), négociant, et de Jeanneton de Vignes (le couple eut douze enfants). Son grand père, Jean Gouges était aussi qualifié de marchand. Lorsqu’il naquit son oncle (Raymond Vignes) et son grand-oncle (Jacques Gouges), établis à Bordeaux, étaient aussi dans le négoce. Ses deux frères, Antoine et Raymond, s’installèrent à Bordeaux dès 1759 et, pour faire du commerce maritime avec les Antilles, ils armèrent un vaisseau qui porta le nom de « Ville-de-Moissac ».*** Avec une telle ascendance il ne pouvait être que négociant en grains et ( ou) farines à partir du port de Moissac. En consultant l’arbre généalogique on remarque aussi qu’il est cousin, issu de germains, avec Arnaud Jérôme Gouges qui, lui-même sera, plus tard, le grand-père maternel d’Adrien Lagrèze-Fossat.
Comme beaucoup de ses compatriotes de la bourgeoisie il était acquis aux idées nouvelles et donc favorable aux réformes. Lorsque le Tiers Etat réunit son assemblée au mois de mars 1789 à Lauzerte, chef-lieu de la sénéchaussée, il fut naturellement élu député du « tiers » aux Etats généraux. Très actif, il prend part à toutes les décisions de la majorité lors de l’Assemblée constituante. Il est bien entendu favorable à la « libre circulation » des grains par tout le Royaume. Il publia un Projet de Déclaration des Droits ; cet article est fondé, dit-il, sur le recueil des Constitutions américaines. A cela rien d’étonnant car, ses collègues Moissagais de la Société populaire étaient effectivement de grands admirateurs des « libertés » américaines. On peut lire, dans ce cahier, à la date du 11e jour du mois de fructidor, l’an 2 (28 août 1794) : « il a été arretté que le drapeau national et celui des Etats Unis d’Amérique seroint unis ensemble et affichés au lieu le plus apparent de la Société en signe de l’alliance des François avec les républiquains des Etats Unis »
Après la dissolution de l’Assemblée constituante le 30 septembre 1791, Gouges-Cartou revient à Moissac, devient membre de la Société populaire et est élu procureur de la commune durant quelques temps. Après le 10 août 1792, il est accusé d’être traitre à la cause républicaine. Il finit par s’exiler aux Etats Unis. Un certificat de résidence du Maryland précise qu’il réside à Baltimore depuis le 7 août 1793, il y restera jusqu’à son décès survenu au mois de novembre 1797.
* J’ai versé aux archives municipales de Moissac mes documents concernant les Gouges de cette ville (du 17e au 19e siècle) où on peut consulter les arbres généalogiques des diverses branches des Gouges et le tableau d’assemblage de l’ensemble de ces familles..
**Le mystère de son décès a été levé par la découverte de la transcription de son acte de décès écrit en anglais avec, vis-à-vis, la traduction en français dans le registre 1 E 94 de l’état civil, Archives municipales de Moissac.
*** Document découvert par Estelle Onézime dans les Archives de l’Amirauté à Bordeaux.