Edouard et Shatta Simon

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SIMON Shatta (1910 Sighisoara – 2003 Paris) – SIMON Edouard (1905 – 1993).
Dès l’automne 39, après la Déclaration de Guerre, mais bien avant l’exode de juin 40, Mme Shatta Simon, épouse d’un des dirigeants du mouvement des Eclaireurs Israëlites de France , se charge d’ouvrir une maison d’accueil pour les E.I.F. de la région parisienne (en prévision de futurs bombardements) dans une zone éloignée de la capitale. C’est la petite ville de Moissac qui est choisie.
Mais revenons à Shatta, c’est ainsi que les enfants l’appelaient, celle-ci trouva facilement à louer une grande maison située au n° 1 du Quai du Port (aujourd’hui n° 4). Elle prit aussitôt contact avec la municipalité dirigée par le sénateur-maire Roger Delthil. Ce dernier, étant souvent absent à cause de ses fonctions qui le retenaient à Paris, ce fut d’abord le secrétaire particulier du maire, M. Louis Gardes, puis M. Darracq et Mme Pelous qui devinrent les interlocuteurs privilégiés de Shatta. Plus tard, sous le régime de l’Etat Français, c’est avec le nouveau maire désigné par Vichy, le docteur Louis Moles.
Le problème scolaire fut rapidement résolu. Ces enfants furent répartis entre les différents écoles de la ville, principalement l’école Chabrié et l’école publique de Saint Benoît. Le plus urgent ensuite fut de doter ces enfants de fausses identités.
Après une première visite de la GESTAPO vers la fin de l’année 1943 la situation devient plus qu’alarmante (Pierre Rouanet, préfet de Tarn-et-Garonne à la Libération, se fera l’écho de cette scène, grâce au témoignage de Shatta)). Heureusement Shatta avait tout prévu : fausses identités, fausses listes…Tous les enfants, sans exception, furent dispersés et soigneusement cachés chez l’habitant à la campagne ou bien dans des Œuvres, des Lycées, des Collèges et ce, jusqu’à la Libération.
Son mari, Edouard Simon dit Bouli, s’activa souvent en déplacement sur d’autres sites de Maisons d’Enfants dans le Lot, l’Aveyron et la Corrèze. Après la libération de Moissac au mois d’août 1944, l’hôtel du Grand Moulin qui est occupé par une Compagnie de Résistants F.F I. est mis à la disposition des E.I.F. par le nouveau préfet M. Rouanet. Bouli, l’un des responsables de ce mouvement, décide d’utiliser les locaux du Moulin pour créer une « Section d’Enseignement Technique » qui recevra le nom de  Centre Maurice et Daniel Fleg. Ce Centre est ouvert aussi aux jeunes Moissagais sortant des écoles primaires de la ville de Moissac. Le Centre déménagera au château de Laversines, près de Beauvais, dans le département de l’Oise à l’automne 1951.

 

Pour en savoir plus :
– Lewertowski Catherine : Morts ou Juifs.
– Pougatch Isaac : Charry Editions du chant nouveau 27 avenue de Ségur, Paris.
– Poznanski Renée : Les Juifs de France pendant la Seconde guerre mondiale Hachette.
– Ribowski Nicolas : Film J’avais oublié la maison de Moissac.
– Rouanet Pierre : Nous allions être bien à Karlovy-Vary Albin Michel.
– Boulet François : Moissac 1939-1945, Résistants, Justes et Juifs Editions Ampélos.
– Calvet, Régis de la Haye, René Pautal : Dictionnaire des noms de rues de Moissac Edition Ostal Redond 2007.