Une campagne de fouilles archéologiques programmées a été menée à Moissac entre 2015 et 2018. Il s’agissait d’étudier le développement de l’habitat autour de l’abbaye. Peu de fouilles ont été effectuées à Moissac dans ce domaine d’étude mis à part les fouilles d’Armand Viré au XXème siècle et celles plus récentes lors des travaux réalisées rue de la République pour les locaux d’une banque. C’est rue des Mazels, que Bastien Lefebvre, professeur à l’ Université Jean Jaurès de Toulouse, accompagné d’une équipe de sept étudiants archéologues, a creusé le sol dans le centre historique de Moissac. A l’emplacement du chantier actuel, il y avait des constructions, démolies en 2000 pour un projet immobilier qui n’a pas vu le jour. Cet espace est ensuite devenu un parking utilisé par la mairie. Le programme de fouilles commencé en 2015 par un sondage près du mur ouest, s’est poursuivi par trois campagnes de fouilles estivales qui ont permis d’explorer la quasi totalité du parking. Pour la dernière opération de 2018, deux fenêtres de fouilles ont été ouvertes, complétant les recherches de 2017 dans les secteurs Nord et Sud.
Au cours des trois rendez-vous proposés aux Moissagais et autres visiteurs fin juillet, Bastien Lefebvre nous a fait part des premiers résultats de cette dernière opération de fouilles. De nombreux objets de la vie quotidienne ont été trouvés (par exemple une balle en cuir), des pièces de bois, beaucoup de graines. Une structure en bois a également été découverte dans la zone Nord. Il pourrait s’agir, d’après Bastien Lefebvre des restes d’un pressoir. Cette hypothèse est étayée par la présence d’une grande quantité de pépins de raisin à proximité de cette structure. C’est par leur inclusion dans un milieu humide que la conservation de ces vestiges a été possible. Cette zone marécageuse a été remblayée entre le Xème et le XII ème siècle, début sans doute d’une installation humaine dans ce secteur de Moissac. Plusieurs fosses ayant servi de dépotoir ont été mises à jour ainsi que des murs de fondation de deux maisons de l’époque médiévale. Les niveaux explorés révèlent la présence d’un habitat entre le XIIIème et le XVème siècle, les comblements successifs ayant fait remonter le niveau du sol de plusieurs mètres. Après cette période, les constructions qui se sont succédées n’ont pas laissé de couches de dépôts. Il faut savoir qu’il y a 5,50 mètres de couches archéologiques au-dessous du niveau du sol du parking. Rendez-vous maintenant à la conférence de Bastien Lefebvre pour sa présentation des conclusions de ce remarquable travail au début de l’année 2019.