Adrien Lagrèze-Fossat

Posté le par
Adrien LAGREZE-FOSSAT (1814 Moissac– 1874 Moissac).
A_Lagreze-Fossat« En 1832, je visitai pour la première fois les archives de l’abbaye. Elles étaient alors dans l’état le plus déplorable…Les carreaux de l’unique fenêtre… étaient presque tous brisés… les liasses, la plupart, éventrées, gisaient pêle-mêle sur les dalles avec des actes officiels du temps du Directoire et de l’Empire qu’on y avait très probablement transportés à la hâte, pour les cacher… Ce n’est pas tout : un grand nombre de titres avaient été détruits par des moisissures, d’autres maculés par les déjections des animaux nocturnes, quelques uns lacérés par des mains inconnues et dépouillés des sceaux qui attestaient leur authenticité… » (Etudes Historiques sur Moissac, tome premier, pages IX et X).
Tel est le tableau des archives de l’abbaye dressé par Lagrèze-Fossat lorsqu’il commença à s’intéresser à l’histoire de Moissac ; ce n’est qu’un peu plus tard, en 1840, qu’il se mit à recopier un certain nombre de documents qui venaient d’être portés à l’hôtel-de-ville.
Lagrèze-Fossat naquit à Moissac le 2 août 1814 chez ses parents, rue Malaveille ; l’arrière de sa maison natale donnait sur l’actuelle rue Victor Hugo laquelle n’existait pas à ce moment là. Après de brillantes études au collège et à Toulouse il obtint son diplôme d’avocat. Mais, comme il était bien fortuné (il était fils unique) il put se consacrer à plein temps à ses occupations favorites sans avoir besoin d’exercer son métier de magistrat.
Bien connu pour l’excellence de ses études sur l’Histoire de Moissac, ce n’était pas, au départ, ce qui l’intéressait le plus ; c’est probablement sa visite aux archives en 1832 qui l’incita à se lancer dans l’histoire de la ville et de l’abbaye.
Dès son plus jeune âge il se consacra à l’étude de la géologie, de la paléontologie, de l’agronomie et plus particulièrement à l’étude de la botanique, sciences qui l’attiraient plus que tout. Il nous a laissé une intéressante Flore de Tarn-et-Garonne dans laquelle il décrit les plantes en prenant soin de nous en donner le nom occitan. Il indique, en outre, les lieux où se trouvent ces plantes, ainsi que leur fréquence, facilitant ainsi les recherches des botanistes à venir, en offrant une base solide permettant de mesurer les fluctuations de l’implantation des espèces, leur stabilité, leur évolution. En 1855, il fit don de son Herbier au Muséum d’Histoire Naturelle de Montauban où l’on peut toujours le consulter. Il légua aussi tous ses objets d’histoire naturelle à la ville de Toulouse, notamment sa collection de graines mûres du Tarn-et-Garonne.
Mais c’est par son travail historique qu’il se rendit célèbre. Jusque là personne n’avait, autant que lui, rassemblé de données sur l’histoire de Moissac. Il est incontestablement le Premier historien de la ville de Moissac. Ses trois volumes Etudes Historiques sur Moissac, parus respectivement en 1870, 1872 et 1874, deviennent incontournables pour tous les chercheurs. Un quatrième et dernier volume paraîtra en 1940, ouvrage posthume, édité par l’association « Les Amis du Vieux Moissac ». Cet ouvrage regroupe toute une série de notes à l’état de manuscrit. Comme le souligne François Antic, Lagrèze-Fossat a accompli un vrai « travail de bénédictin ».
Il devait par ailleurs gérer l’exploitation de son patrimoine immobilier : le domaine du Fossat à Piac, de Lapeyre-Haute à Beauville, sans compter diverses pièces de terre situées un peu partout, notamment à Saint-Germain, dans la banlieue-Est de Moissac. En tant que conseiller municipal on lui doit d’avoir suscité la réalisation des abords du pont Napoléon côté ville par la construction, en 1865, des deux façades qui limitent l’hémicycle d’où partent les deux rampes latérales qui conduisent aux promenades Sancert et Montebello.
Sa présence au sein du conseil municipal s’inscrit sur une durée de vingt-six ans. Le 23 août 1870, il sera désigné par un décret de M. le Préfet de Tarn-et-Garonne, maire provisoire de la ville de Moissac pour environ deux mois. Le 1er octobre, il sera remplacé par Alphonse Delbrel, le petit fils du Conventionnel, Pierre Delbrel.
Il mourut le jeudi 6 août 1874 dans sa maison de la rue du Port qui portera, en 1877, le nom de rue Lagrèze-Fossat par un décret du président de la République, le maréchal de Mac-Mahon. En 1951, après le décès à Beauville (Lot-et-Garonne) de sa dernière petite-fille, Adrienne Fieuzal, s’éteignit complètement la branche des Lagrèze-Fossat.

 

Maison_LFLa maison de Lagréze-Fossat dans la rue qui porte son nom