Combe Clairon ou Combe Clarou ?

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O ! Orthographe succursaliste française. Que d’erreurs a-t-on pu commettre en ton nom ! Nous voilà projeté en pleine onomastique.
A la fin du 19e siècle, l’archiviste départemental, Dumas de Rauly, en charge du classement des archives de la ville de Moissac, relève dans un document datant de 1265 le terme de Comba clar (BB 32, F° 32) pour désigner ce lieu situé à l’Est de Moissac. On reconnait, sans difficulté, deux termes occitans bien classiques : « comba et clar ». Les deux mots réunis créent un toponyme qui sert à désigner, à la fois, ce petit vallon et le ruisseau qui le parcourt. Vu l’orientation Nord/Sud de ce lieu, il n’est pas difficile de comprendre que l’astre solaire l’inonde entièrement une bonne partie de la journée. C’est on ne peu plus clair.
Poursuivons. Le terrier de 1480, exploité par Mme Estelle Fayolle-Bouillon, indique pour ce même lieu : « comba claro » (CC 1, F° 99 V°). En cette fin du 15e siècle les scribes ont encore en tête le souvenir de l’ancienne écriture occitane. C’est indéniable.
Le cadastre qui correspond au début du règne de Louis XIV (CC 18, CC 19, CC 20), parlant du ruisseau qui irrigue ce vallon note, tantôt « combe claron », tantôt « combe clarou ». Pour le scribe de cette époque aucun problème : qu’il écrive claron (ancienne écriture occitane) ou clarou (orthographe semi-francisée) ; il sait que « O + N = OU ». D’autant plus que les habitants du lieu prononçaient toujours : « coumbo clarou ».
Enfin, au début du 19e, le cadastre dit « cadastre napoléonien », écrit, sans vergogne, « combe clairon », ineptie perpétuée jusqu’à aujourd’hui. Que s’est-il passé ? Probablement que le scribe de cette époque ne comprenant plus le sens du mot « clarou » a cru bon de mettre « clairon ». Parce que cela sonnait mieux ? Va savoir.
Encore une fois, pour que ce soit bien CLAIR, on devrait écrire en français « COMBE CLAROU » et en orthographe classique occitane soit « COMBA CLARON » soit « COMBA CLAROR ».
Henri Desmons, ancien membre des Amis du Vieux Moissac et ancien collaborateur d’Armand Viré, regrettait infiniment cette déviation du sens primitif.

 

On peut aussi consulter l’ouvrage d’André CALVET « Noms de lieux et de personnes de Moissac », édition Ostal Redond, page 86.