Jean Moura

Posté le par
(1827 Moissac – 1885 Moissac)

 

J_MouraJean Moura est né à Moissac le 3 avril 1827. Issu d’un milieu de « marins d’eau douce » : ses ancêtres, sur quatre générations, étaient « maîtres de bateaux », d’abord sur la commune de Boudou, au lieu-dit « La Pointe » », puis à Moissac.
Après de sérieuses études au Collège de Moissac, il fut admis à l’Ecole des Arts et Métiers d’Aix-en-Provence ; puis il choisit d’entrer dans la marine et devint mécanicien principal à bord d’un navire de guerre ; il finira avec le grade d’officier de marine. Le 8 février 1858, il épousa Elisabeth Coralie Chantot, qui était une petite fille du conventionnel Pierre Delbrel. Son fils, Jean Baptiste Moura devint Juge d’instruction, d’abord à Saint Gaudens, puis à Moissac ; mais il mourut le 29 novembre 1911, célibataire et sans enfants.
Il participa à de nombreuses expéditions : la Chine, l’Italie, la Crimée, la Baltique, le Gabon, le Sénégal, la Guyane et, surtout, la Cochinchine. C’est à ce moment-là qu’il fut désigné par ses supérieurs pour remplir dès 1868 le poste de Représentant du Gouvernement français auprès du Roi du Cambodge. Ses supérieurs, à la fois contre-amiraux et Gouverneurs de la Cochinchine, eurent tôt fait de remarquer ses grandes capacités d’organisateur teintées d’humanisme.
Ce pays, le Cambodge (Kamputchéa), est menacé d’absorption par ses proches voisins, le Siam et l’Annam. Voilà pourquoi la France proposa son Protectorat au roi Norodom 1er.
Durant les dix années que Jean Moura passa dans ce lointain pays, avec très peu de moyens, il sut asseoir durablement la présence de la France. Afin de mieux appréhender son sujet et pour accomplir sa tâche avec efficacité il se mit à apprendre la langue de ce pays. Mais, comme disait le général Bovet : « la tâche était énorme, elle a été accomplie jusqu’au bout ; tout a été vu, observé, étudié et fouillé : le sol et ses produits, l’agriculture, l’industrie, les habitants, leurs mœurs et coutumes, leur caractère, leur religion, le gouvernement, la langue, la littérature… »
C’est grâce à Jean Moura que Louis Delaporte, le grand spécialiste de l’Art Khmer, put accéder facilement sur le site prestigieux d’Angkor, l’ancienne capitale. Les séjours qu’il effectua là-bas lui fournirent matière pour écrire d’abord un « Diccionnaire Français-Cambodgien et Cambodgien-Français » et un ouvrage intitulé « Le Royaume du Cambodge » qui parut en 1883, en deux volumes.
Il revint définitivement à Moissac en 1879, malade de ses trop longs séjours en Asie du Sud Est. Cependant il n’était pas homme à s’arrêter ; élu de la municipalité moissagaise, il devint le 1er adjoint du maire Pierre Chabrié. Disparu au mois de mai 1885, la ville de Moissac, pour honorer la mémoire de ce brillant officier de marine, donna son nom à l’ancienne rue Saint-Jacques, l’une des artères les plus célèbres de la cité.
Son ouvrage « Le Royaume du Cambodge » figure dans le fonds ancien de la bibliothèque municipale de Moissac sous la cote n° 46 561.
René Pautal

 

Pour en savoir plus :
Coladon Jean – Henri Ena : Moissac de la pierre à l’…aquarelle. Les Trois Lièvres Moissac 2003.
Henri Ena : Scènes et Personnages de la Vie Moissagaise Tome XVI page 570.
Henri Ena : Moissac aux deux bouts de XXème siècle. Témoin de notre temps. Moissac 1998 pages 87, 88.
François Boulet: Moissac 1939 – 1945 Résistants, Justes et Juifs. Editions Ampelos 2016.
Pautal René : Généalogie des familles Delbrel-Moura. Archives municipales de Moissac.